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histoires

quels Marie fut tour à tour exquise et détestable ; bien plutôt exquise. La seule boisson la diminuait. Mais alors elle n’était pas amusante du tout.

Elle se grisait si abominablement parfois, qu’elle en était malade tout le lendemain, sans préjudice des inconvénients presque immédiats, et quels discours ! Jamais cependant elle n’insulta X. ; mais elle pleurait d’une façon si bête, se montrait jalouse, jalouse ! si à tort et si à travers, grinçait des dents, avait presque des attaques de nerfs, et des propos ! Un jour, ou plutôt un soir qu’elle devait avoir eu affaire à du public ami de la bouteille, — mais elle buvait bien toute seule aussi, — elle lui demanda à brûle-pourpoint :

— Sais-tu où l’on vend du vitriol ?

Et une autre fois :

— Veux-tu m’écrire une lettre anonyme ?

(Elle ne savait ni lire ni écrire).

Il fut répondu des plus évasivement, bien entendu. Il allait sans dire que vitriol et lettre étaient destinés à Célestin, si vaguement il est vrai ! Car, aussitôt à tête reposée, Marie n’avait plus que les idées du meilleur cœur du monde, demandant pardon pour la brutalité finale de sa liaison avec Célestin, disant son regret d’avoir lassé par des ivrogneries cet amant qu’elle proclamait et croyait honorable, et protestant d’une