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souvenirs

reprochant qu’ils auroyent communiqué par ensemble pour se jouer et mocquer de luy. Tant s’en faut, dit Itier, que si je rencontrois celuy que vous nommez Norman, je me vengerois de la mort de mon frère, qu’il a misérablement tué. L’evesque, ayant entendu ce discours, considéra à part soy que telle vision se pouvoit manifester par la permission de Dieu, pour servir tant de guerison aux malades, comme aussi de bonne réconciliation entre ces deux ennemis : puis il incita Itier à se réconcilier à Norman, usant d’une paternelle remonstrance tirée de la saincte Ecriture, si bien à propos, qu’il luy persuada de pardonner au dict Norman, se jettant à genoux devant l’evesque, et se soubmettant à tout ce qu’il ordonneroit pour le faict de la dicte réconciliation. Et lors l’evesque envoya son secrétaire chercher à l’église le dict Norman, lequel y vint aussi tost, et se mect aussi à genoux, priant mercy à Dieu, à l’evesque, et à Itier. Et après que l’evesque leur eut faict un très beau discours, de la charité fraternelle, il leur commanda de s’entrebaiser pour un signal de paix et amour, afin qu’estans parfaitement reconciliez, ils puissent heureusement exploicter la charge que leur avoit esté en divers lieux déclarée par la vision apparue les jours précédents. Et ayant tous trois jeusné fort estroicte-