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les hommes d’aujourd'hui

comme l’Homme et peut-être comme la Femme. Ô les charmantes pages, et que nerveuses !

« Nerveuses », ce mot me rappelle à la première ligne de cette si sincèrement amicale étude. L’homme physique, donc, dans Poictevin, soumis à l’influence de l’esprit, est « agité » dans le sens admirable du mot. Cet homme, vêtu tout simplement, se démenant avec des mots très simples, très nets, très clairs, très haut prononcés dans la rue comme dans les salons, autre et pire rue, étonne, épouvante les imbéciles et nous réjouit, nous réchauffe, nous rend le courage à nous qui


« Ne sommes pas des ignorants dont les Muses ont ri. »


comme a dit poliment Jean Moréas.

Mais revenons à l’homme de lettres.

Songes vint après Ludine, qui, dès lors et définitivement, marqua le pas dans la manière de l’excellent et tenace écrivain dont j’ai tant de plaisir à tracer ici la biographie. Rompant avec les systèmes de l’affabulation, de l’intrigue, qui sont les ficelles du pur ouvrage en librairie, il osa nous présenter à cru une partie de son âme et peut-être de son cœur. Le seul reproche que j’oserais faire à Poictevin serait de donner à se souvenir de MM. de Goncourt, mais si peu et si bien !