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les hommes d’aujourd'hui

saison, un laps, ne fut-ce qu’une journée, ne fût-ce qu’une heure, qu’un moment, avec un ami du temps jadis, camarade de premiers rêves, de tout jeunes essais vers des tentatives où le loisir était pour ainsi dire de compte à demi, ce loisir fils de l’Inspiration, et son père, croyait-on en ces temps fabuleux. Lui, l’ami des jours d’adolescence intellectuelle, quels qu’aient été d’ailleurs, d’autre part, ses progrès dans l’expérience de la vie, a gardé bonne part du frais dépôt d’illusions que nous avons d’un dédain riant, gaspillé inconsidérément peut-être, préoccupés d’autres belles visées qui ne sont pourtant pas, disons-le bien haut ! des billevisées, nous les ardents, les excessifs, les diaboliques persévérants de cette Science à part, qui ne mène à rien de « positif », mais qui, nous ayant pris innocents, nous rend malheureux d’un malheur adoré, puis nous laisse angéliques ! Il nous parle sérieusement de choses qui nous sont devenues comme étrangères, de prosodie libérale, de rimes constitutionnelles, de tout un doctrinarisme en poésie, à nous qui en sommes à l’Allitération quintessenciée, à l’Assonance infiniment plus difficultucusc que toute sonnaille hugotique, à la métrique décadente, bien plus compliquée sous son apparent déhanchement que n’importe quelle versification latine ou autre encore pire ! Et cette conversation, loin de nous exaspérer de pitié, bien au contraire nous ra-