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les poètes maudits

et qui furent les éléments uniques, entendez-le bien, de cet orage, sa vie !

Son enfance avait été heureuse.

Des parents exceptionnels, un père exquis, une mère charmante, morts, hélas ! le gâtaient en fils unique qu’il était. On l’avait mis toutefois en pension de bonne heure et là commença la déroute. Nous le voyons encore dans sa longue blouse noire, avec sa tête tondue, des doigts dans la bouche, accoudé à la barrière de séparation de deux cours de récréation, qui pleurait presque au milieu des autres gamins, déjà endurcis, jouant ! Même le soir, il se sauva et fut reconduit le lendemain, à force de gâteaux et de promesses, dans le « bahut » où, depuis, à son tour, il se « déprava » devint un vilain galopin pas trop méchant avec de la rêvasserie dans la tête. Ses études étaient indifférentes, et ce fut tant bien que mal qu’il passa son baccalauréat après de vagues succès, en dépit de sa paresse qui n’était, répétons-le, que de la rêvasserie déjà. La postérité saura, si elle s’occupe de lui, que le lycée Bonaparte, depuis Condorcet, puis Fontanes, puis re-Condorcet, fut l’établissement où s’usa le fond de ses culottes de garçonnet et d’adolescent. Une inscription ou deux à l’École de droit et passablement de bocks bus dans les caboulots de ce temps-là, ébauches de brasseries à femmes actuelles, complétèrent ces médiocres humanités. C’est de ce