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mes hôpitaux

acharnés après ce pauvre moi


…toujours en quête
Du bon repos, du sûr abri,
Et qui fait des bons de cabri
Sous les crocs de toute une race !


comme pleurait un mien poème douloureux d’il y a quelques années. C’est, après plus d’un an de presque insupportables souffrances physiques et morales, de trahisons dont je me tais aujourd’hui et de luttes que je dirai, et avec de courts mais encore trop longs intervalles de déceptions, de déconvenues, d’inappétences et de dégoûts, — l’Hôpital depuis quatre ans (je le répète, je compte bien), dans moins de deux mois.

Mon caractère au fond philosophe, ma constitution restée robuste en dépit de cruels et surtout des plus incommodes fins et commencements de maladie, rhumatismes, bronchites, l’estomac, le cœur maintenant ! m’ont amené jusqu’ici solide encore de corps — et de tête ! D’autre part, je n’ai qu’à me louer des bons égards et des soins assidus dont j’ai jusqu’à présent été l’objet reconnaissant ; d’excellents amis ont fait pour moi ce qu’ils ont pu, si d’autres amis m’ont déçu comme à plaisir et trompé de la meilleure foi du monde. J’admets tout cela et que j’ai eu dans mon malheur ce que l’on appelle de la chance. Mais toujours est-il qu’il est dur, après