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mémoires d’un veuf

taient avec raison la discipline libre et consentie, au dix-septième qu’ils rappelaient par le souci douloureux de la langue et l’extrême scrupule dans la tenue. Temps difficile pour de purs littérateurs que ces dernières années dégingandées et fréquentantes du second Empire — poètes délicats et pudiques que nous autres, j’ose le dire en cet aujourd’hui obscène-ou-la-mort !

Un second Parnasse parut deux ans après, mieux composé cette fois, — accentuant la note première, avec l’autorité des noms mieux connus et des œuvres intermédiaires amplement discutées et vivement appréciées. Cette fois Sainte-Beuve, qui s’était intéressé platoniquement au premier Parnasse, sortit de sa prudence habituelle et voulut bien apporter sa pierre à l’édifice aux trois quarts construit non sans solidité ni sans beauté. D’autres réservés parmi les anciens se départirent de leur attitude et s’enrôlèrent bravement sous notre jeune bannière déjà criblée de balles. Enfin, tout en ne rien, absolument rien sacrifiant de notre juste audace, nous gagnions en « respectabilité », et la Critique, de guerre lasse, amena pavillon et nous laissa passer au large en nous saluant même de quelques bordées.

Une grande cordialité régnait entre les Parnassiens. L’entresol de Lemerre les réunissait presque quotidiennement en causeries exquises où la plaisanterie et l’esprit caustique avaient leur part légi-