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pierre duchatelet

et gardes ; chaque compagnie était convoquée immédiatement à l’effet d’entendre son capitaine, dans tel, tel ou tel endroit selon le numéro de la compagnie du bataillon.

La compagnie dont faisait partie Pierre Duchatelet devait s’assembler sans armes auprès de la porte du bastion, entre les deux murs des bureaux de l’octroi.

Pierre Duchatelet se rendit là comme les autres.

L’endroit était militaire vraiment, avec ce pont-levis muni d’une garde d’honneur et protégé plus efficacement par deux grosses pièces de rempart, — et le nu des murs, le farouche des visages — par intervalles le canon des forts voisins et celui guère plus lointain de l’ennemi, ajoutaient le positif de la guerre à l’appareil puéril de cette garde bourgeoise et ouvriasse mal équilibrée dans la surcharge de son zèle aux emblèmes civiques et soldatesques théâtralement, comme tout à Paris.

Le capitaine, bedonnant, rougeaud, barbe poivre et sel, une bonne voix d’audience aigre et nette, lut un décret reportant telles classes de sédentaires dans celles de marche.

Un profond ennui se fit lisible dans des yeux assez nombreux. Même une voix tremblante de colère ou d’autre chose s’écria, aux chuts plus décents qu’indignés de l’assistance :

— À quoi bon, maintenant que la trahison a tout