Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, IV.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
louise leclercq

père, un peu despote, — leur bilan était très simple, comme vous voyez, et peu de nature à nuire en quoi que ce fût à la mise de côté comme au sûr placement des bénéfices réalisés chaque année, de trois mille cinq cents à quatre mille francs en bonnes espèces sonnantes et qui ne devaient rien à personne.

M. Leclercq pouvait avoir dans les quarante-cinq et sa femme dans les quarante ans ; leur fille Louise en avait vingt-deux. Elle tenait surtout de sa mère au physique, beaucoup de fraîcheur sans grande beauté : un nez un peu long, bien modelé, avec une tendance à paraître pointu, de fort beaux yeux bleus et des cheveux châtain-foncé à reflets blonds formaient un ensemble assez agréable que complétaient un front bas et large d’une belle ligne bien précise, et des tempes où le sang jeune épanouissait des veines pâles en deux fleurs d’un violet rose si délicat que l’on eût cru parfois pouvoir s’attendre à voir couler la vie par les pores exquis de cette peau littéralement diaphane. La taille moyenne encore frêle, elle marchait non sans grâce, gesticulait peu mais cependant en vraie parisienne de Paris ; de longues mains blanches aux doigts des mieux faits, des pieds presque mignons ajoutaient à la distinction naturelle de cette fille charmante en somme. La simplicité vraie, absolue, qui est très souvent le partage heureux, l’élégance et l’honneur