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VII

nascita de venere
(Botticelli)


Vénus, debout sur le plus beau des coquillages,
Aborde, nue, au moins sauvage des rivages,
Ne cachant de son corps avec ses longs cheveux
Que juste ce qu’il faut pour qu’y dardent nos vœux.
Une nymphe, éployant un clair manteau, s’empresse
À vêtir en impératrice la déesse ;
Et deux Vents accourus, beaux éphèbes ailés,
Des cuisses et des bras l’un à l’autre mêlés,
De qui l’un est Zéphyre et dont l’autre est Borée,
Soufflent l’amour divin et la haine sacrée.
Le visage est suavement indifférent,
Comme attendant le culte à venir que lui rend
Toute herbe et toute chair depuis cette naissance,
Et se pare d’une inquiétante innocence.