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JADIS ET NAGUÈRE

Folle de corps et d’âme, et l’on ne reconnaît
Plus rien, et l’on ne sait plus rien, sinon qu’on l’aime !

Or cet amant était justement le deuxième
De la marquise, ce qui fait qu’un jour après,
— Ô sans malice et presque avec quelques regrets, —
Elle le revoyait pour le revoir encore.
Quant au miracle, comme une odeur s’évapore
Elle n’y pensa plus bientôt que vaguement.

Un matin, elle était dans son jardin charmant,
Un matin de printemps, un jardin de plaisance.
Les fleurs vraiment semblaient saluer sa présence,
Et frémissaient au vent léger, et s’inclinaient
Et les feuillages, verts tendrement, lui donnaient
L’aubade d’un timide et délicat ramage
Et les petits oiseaux volant à son passage,
Pépiaient à plaisir dans l’air tout embaumé
Des feuilles, des bourgeons et des gommes de mai.
Elle pensait à lui ; sa vue errait, distraite,
À travers l’ombre jeune et la pompe discrète
D’un grand rosier bercé d’un mouvement câlin,
Quand elle vit Jésus en vêtement de lin
Qui marchait, écartant les branches de l’arbuste
Et la couvait d’un long regard triste. Et le Juste
Pleurait. Et en tout un instant s’évanouit.
Elle se recueillait

Elle se recueillaitSoudain un petit bruit