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SAGESSE

Ton angoisse atroce,
La mer, doux colosse
Au sein innocent,
Grondeuse infinie
De ton ironie !

Tu vis sans savoir !
Tu verses ton âme,
Ton lait et ta flamme
Dans quel désespoir ?
Ton sang qui s’amasse
En une fleur d’or
N’est pas prêt encor
À la dédicace.
Attends quelque peu,
Ceci n’est que jeu.

Cette frénésie
T’initie au but.
D’ailleurs, le salut
Viendra d’un Messie
Dont tu ne sens plus.
Depuis bien des lieues,
Les effluves bleues
Sous tes bras perclus.
Naufragé d’un rêve
Qui n’a pas de grève !