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en armure (1635, collection Richard Mortimer, à New-York), sobre et ardent, sont œuvres à signaler à côté de la Passion de Munich. Elles lui sont contemporaines ou légèrement postérieures et précèdent toutes la Ronde de nuit que nous allons analyser.

Depuis quelques années, les sociétés civiques d’Amsterdam avaient coutume de commander à quelqu’un des peintres du pays un souvenir corporatif. Les principaux membres de la gilde léguaient leur image à leurs successeurs.

De telles œuvres apparaissent comme une sorte de lieu commun de la peinture hollandaise : les traditions y étaient observées scrupuleusement et l’invention du maître tenue à l’écart. On rangeait les membres de la corporation en ligne, le chef occupant la place centrale, les dignitaires se massant à ses côtés. Parfois, on les assemblait autour d’un festin. Dès 1583, Cornelisz avait peint de telle manière le Repas du Vieux-Doelen. Cinq toiles de Frans Hals représentaient l’assemblée de la gilde de Saint-Georges et deux pages célèbres de Ravesteyn traitaient un sujet identique.

En 1642, la corporation des Arquebusiers d’Amsterdam s’adressa à Rembrandt pour qu’il lui prêtât son talent. La commande lui était payée 1600 florins.

Il se mit à l’ouvrage rapidement. On espérait le voir se soumettre aux usages depuis longtemps établis et fixer les effigies des arquebusiers d’après l’ordre hiérarchique dans une salle de festin ou de réunion. Rembrandt trompa