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les flambeaux noirs

 
Trainer de longs pas lourds en de sourds corridors ;
Voir se suivre toujours les mêmes heures,
Sans espérer en des heures meilleures ;
Pour à jamais clore telle fenêtre ;
Tel signe au loin ! — un présage vient d’apparaître ;
Autour des vieux salons, aimer les sièges vides
Et les chambres dont les grands lits ont vu mourir
Et chaque soir, sentir, les doigts livides,
La déraison, sous ses tempes mûrir.

Sur ce roc carié que ruine la mer,
Dites, serai-je seul enfin avec la mer,
Dites, serai-je seul enfin avec mon âme ?

Et puis mourir ; redevenir rien.
Être quelqu’un qui plus ne se souvient
Et qui s’en va sans glas qui sonne,
Sans cierge en main ni sans personne,