Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
poèmes

En tas massifs et blonds, au soleil, sur ma tête,
Orgueilleusement clair, comme il convient aux forts.



II


Ta grande chair me fait songer aux centauresses
Dont Paul Rubens, avec le feu de ses pinceaux,
Incendiait les crins au clair, les bras en graisse,
Les seins pointés vers les yeux verts des lionceaux.

Ton sang était le leur, alors qu’au crépuscule,
Sous tel astre mordant de soir le ciel d’airain,
Leur grande voix hélait quelque farouche Hercule
Que la nuit égarait dans le brouillard marin ;

Et que les sens crispés d’ardeur vers les caresses,
Et le ventre toujours béant vers l’inconnu,
Leurs bras tordaient l’appel lascif vers les adresses
Des monstres noirs, lécheurs de rut, sur un corps nu.