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SOIR RELIGIEUX


Des villages plaintifs et des champs reposés,
Voici que s’exhalait, dans la paix vespérale,
Un soupir doucement triste comme le râle
D’une vierge qui meurt pâle, les yeux baissés,

Le cœur en joie et tout au ciel déjà tendante.
Les verts étaient tombés. Seule encor remuait,
Là-bas, vers le couchant, dans l’air vide et muet,
Une cloche d’église à d’autres répondante

Et qui sonnait, sous sa mante de bronze noir,
Comme pour un départ funéraire d’escortes,
Vers des lointains perdus et des régions mortes,
La souffrance du monde éparse au fond du soir.