Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.
163
les flamandes

IV


En automne, saison des belles pourritures,
Quand au soir descendant le couchant est en feu,
On voit au bas du ciel d’immenses balayures
De jaune, de carmin, de vert pomme et de bleu.

Les flots traînent ce grand horizon dans leurs moires,
Se vêtent de ses tons électriques et faux,
Et sur fond de soleil, des barques toutes noires
Vont comme des cercueils d’ébène au fil des eaux.

Les voix du jour mourant, funèbres et lointaines,
Roulent encor dans l’air avec le vent des plaines
Et les sons d’angélus tintant de tour en tour ;

Mais tous cris vont mourir, et mourir toutes flammes.
L’appel des passeurs d’eau va se taire à son tour…
Voici qu’on n’entend plus qu’un bruit tombant de rames.