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les flamandes


Chacun avait, à droite, à gauche,
Chair de femelle à savourer,
Chair grasse, prête à se cabrer
En des ruades de débauche.

Chacun avait là deux brasiers,
Deux yeux allumés, deux prunelles,
Bûchers de voluptés charnelles,
Où rôtir des amours entiers.

Deux seins tout frais, tout ronds, tout rouges,
Frais et ronds à mordre dedans,
À les marquer d’un coup de dents ;
Deux seins appétissants de gouges,

Bombant le haut des tabliers,
Et ressemblant aux pommes mûres,
Qu’on voit grossir dans les ramures
Gigantesques des espaliers.

Toutes ces garces en folie
Sablaient aussi des brocs d’étain,
Et comme leurs gars, ventre plein,
Menton poissé, langue salie,