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Si, vers le soir, le saint Michel n’avait,

D’un grand geste d’épée, atténué

Les chocs mortels de la tempête et des nuées.

 

Il reparut, vibrant et clair

Avec les grands serpents des feux et des éclairs
Dans sa dextre, captifs ;
Les cieux déments et convulsifs
Qui rugissaient au Nord, comme des dogues,
Furent domptés, et les vents rogues
Calmés. À l’horizon, d’un seul essor,
Sur les hameaux sauvés, grandit l’arc-en-ciel d’or.
La paix revint aux champs, et le silence…
Et c’est alors qu’on vit, avec sa lance
Sur les cieux nus et merveilleux
Le saint Michel tracer une bannière en feu,
Modèle exact de celle
Que désormais, à l’automne nouvelle,
On lui dédie, en tels pays,
Avec les mêmes chants et les mêmes prières,

Qui solennisent la Saint-Pierre.