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Tu ressuscites tout : l’Empyrée et l’Abîme ;
Et les anges, pareils à des thyrses d’éclairs ;
Et les monstres aigus, rongeant des blocs de fer ;
Et tout au loin, là-bas, les Golgothas sublimes ;

Et l’Olympe et les dieux, et la Vierge et les saints ;
L’idylle ou la bataille atroce et pantelante ;
Les eaux, le sol, les monts, les forêts violentes
Et la force tordue en chaque effort humain.

Ton grand rêve exalté est comme un incendie
Où tes mains saisiraient des torches pour pinceaux
Et capteraient la vie immense en des réseaux
De feux enveloppants et de flammes brandies.

Que t’importe qu’aux horizons fous et hagards
Tel autre nom, jadis fameux et clair, s’efface ?
Pour toi, c’est à jamais que le temps et l’espace
Retentissent des bonds dont les troua ton art.

Conservateur fougueux de la force première,
Rien ne te fut ruine ou chute, ou désaveu ;
Toujours tu es resté trop sûrement un dieu
Pour que la mort, un jour, éteigne ta lumière.

Et tu dors à Saint-Jacques, au bruit des lourds bourdons ;
et sur ta dalle unie, ainsi qu’une palette,
Un vitrail criblé d’or et de soleil, projette
Encor des tons pareils à de rouges brandons.