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Et tout en haut, régnaient dans l’or du polyptyque,
Dieu le Père, Marie et Jean le précurseur,
Traçant, dévotement, avec calme et douceur,
De lents gestes sacrés, puissants et didactiques.

Et les anges chantaient dans l’air chaste et pieux,
Tandis qu’Eve et qu’Adam, debout chacun dans l’ombre,
Sentaient peser sur eux leur faute ardente et sombre,
Dont le rachat se célébrait devant leurs yeux.

Ainsi la claire et tendre et divine légende
Avec ses fleurs de sang, d’ardeur et de piété
Déroulait son humaine et divine beauté
Parmi les prés, les bois, les ravins et les landes.

Comme un grand livre peint et largement ouvert,
Elle enfermait, en ses pages claires ou blondes
Et dans ses textes d’or quatre mille ans du monde :
Tout le rêve de l’homme en proie à l’univers.

L’œuvre dardait dans l’art une clarté suprême,
Comme celle du Dante à Florence, là-bas.
Mais cette fois deux noms flamands brillaient, au bas
De l’ascétique et pur et merveilleux poème.


Les strophes dédiées à Rubens me semblent par leur emportement et leur couleur contraster avec le rythme pro-