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Étions-nous vraiment un peuple, avant cet instant magnifique ? Nous nous dépensions en minimes querelles ; nous n’étions guère aimantés vers les hautes réalités ; nous nous complaisions à nous reprocher nos origines, soit flamandes, soit wallonnes ; nous tâchions d’être avocats, boutiquiers, fonctionnaires, avant d’être des citoyens. Le péril a rassemblé nos forces éparses en un seul et lumineux faisceau. Nous le dressons sur nos villes détruites, sur nos plaines rasées, sur l’immense champ de bataille qu’est aujourd’hui notre terre et, avec déjà de la victoire dans le cœur, nous attendons.