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Son poing crispé saisit les mille éclairs contraires
Et les assemble et les resserre et les unit,
Pour tordre et pour forger d’un coup, tout l’infini.
La rose Égypte et la Grèce dorée
Jadis, aux temps des Dieux, l’ont instaurée
En des temples d’où s’envolait l’oracle ;
Et Paris et Florence ont rêvé le miracle
D’être, à leur tour, l’autel où ses pieds clairs,
Vibrants d’ailes, se poseraient sur l’univers.
Aujourd’hui même, elle apparaît dans les fumées
Les yeux offerts, les mains encor fermées,
Le corps exalté d’or et de soleil ;
Un feu nouveau d’entre ses doigts vermeils
Glisse et provoque aux conquêtes certaines,
Mais les marteaux brutaux des tapages modernes
Cassent un bruit si fort, sous les cieux ternes,
Que son appel vers ses fervents s’entend à peine.

Et néanmoins elle est la totale harmonie
Qui se transforme et se restaure à l’infini,
Par à travers les mille efforts que l’on croit vains.
Elle est la clef du cycle humain,