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Les longues tresses de ténèbres.

Des houx rouges de leur tourment
Elles ont fait des diadèmes ;
J’en vois : des veuves d’elles-mêmes
Qui se pleurent, comme un amant.

Quand leurs rêves, la nuit, s’esseulent
Et qu’elles tiennent dans la main
Une âme et un bonheur humain,
Elles savent ce qu’elles veulent.

Si leur peine devait finir un jour,
Elles en seraient plus tristes peut-être,
Qu’elles ne sont inconsolables d’être
Celles du souterrain amour.

Au long de promenoirs qui dominent la nuit,
De lentes femmes,
En deuil immense de leur âme,
Entrecroisent leurs pas sans bruit.