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Et son pardon profond et sa claire tendresse,
Et Jean dans un baiser les voulait recueillir
Pour que leur triple ardeur n’eût le temps de languir
Ni de mourir de sécheresse,
Pendant les trois longs jours
Que passerait au fond du tombeau lourd,
Avant que d’en renaître,
Le maître.

Oh ! ces lèvres de Jean et leur baiser suprême
Dans le silence
À l’endroit même
Où s’enfonça le coup de lance !

Lorsqu’il eut reconduit Marie en sa maison,
Une première étoile ouvrit sa floraison,
Là-haut, dans le ciel de Judée,
Et Jean la regardait, dans l’azur vaste et clair,
Briller si pure et si chaste qu’elle avait l’air
D’être son âme élucidée.