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Mais si longue que fut mon errante douleur,
Jamais le sort mortel ne me dompta le cœur.
Je souffre en cet instant et chante dans les flammes ;
L’allégresse bondit au tremplin de mon âme ;
Je suis heureux, sauvage, immense et rayonnant,
                        Et maintenant,
Grâce à ce brasier d’or qui m’exalte et me tue,
                  Joyeusement je restitue
Aux bois, aux champs, aux flots, aux montagnes, aux mers,
Ce corps en qui s’écroule un morceau d’univers. »

Le bûcher tout entier brûla jusqu’à l’aurore ;
Des pans de feux tombaient et montaient tour à tour,
A l’orient du large Œta grandit le jour
               Et le héros chantait toujours,
                       Chantait encore.