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Elle eût tué d’un coup le vieux monde branlant
Comme un arbre qu’on brûle à travers son écorce.

Depuis lors, la révolte habite et vit en nous ;
Et nous chauffe le cœur avec sa sourde flamme ;
Ceux mêmes qui la maudissent l’ont dans leur âme
Et se sentent jetés par son grand geste fou
Hors de leur sûr repos et de leurs vieux usages.
Et voici que s’élève afin de l’attester
Comme une heureuse et vivace nécessité
Jusqu’au cri des savants qui dissèquent les âges,
Si bien qu’elle apparaît dans le vieil Occident
La flamme qu’on redoute ou le feu qu’on attend
Et qui retrempe au torrent d’or des incendies
La boiteuse équité mourante et refroidie.
 
Rente et travail, lutte et pouvoir, haine et amour ;
Détresse, orgueil ; assauts, reculs ; chutes, victoires ;
Comme vibre notre heure et frissonnent nos jours
De vos rythmes contradictoires !