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III


La glycine est fanée et morte est l’aubépine ;
Mais voici la saison de la bruyère en fleur
Et par ce soir si calme et doux, le vent frôleur
T’apporte les parfums de la pauvre Campine.

Aime et respire-les, en songeant à son sort :
Sa terre est nue et rêche et le vent y guerroie ;
La mare y fait ses trous, le sable en fait sa proie
Et le peu qu’on lui laisse, elle le donne encore.

En automne, jadis, nous avons vécu d’elle,
De sa plaine et ses bois, de sa pluie et son ciel,
Jusqu’en décembre où les anges de la Noël
Traversaient sa légende avec leurs grands coups d’aile.