Page:Verhaeren - Les Heures du soir, 1922.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

III


Ce chapiteau barbare, où des monstres se tordent,

Soudés entre eux, à coups de griffes et de dents,
En un tumulte fou de sang, de cris ardents,
De blessures et de gueules qui s’entre-mordent,
C’était moi-même, avant que tu fusses la mienne,
Ô toi la neuve, ô toi l’ancienne !
Qui vins à moi, du fond de ton éternité
Avec, entre les mains, l’ardeur et la bonté.

Je sens en toi les mêmes choses très profondes
Qu’en moi-même dormir,
Et notre soif de souvenir
Boire l’écho, où nos passés se correspondent.