Page:Verhaeren - Les Héros, 1908.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
98


Projetèrent, comme autrefois, ton nom fameux.
Dans le buccin des Renommées.

Escaut ! Escaut !
Tu es le geste clair
Que la patrie entière
Pour gagner l’infini fait vers la mer.
Tous les canaux de Flandre et toutes ses rivières
Aboutissent, ainsi que des veines d’ardeur,
Jusqu’à ton cœur.
Tu es l’ample auxiliaire et la force féconde
D’un peuple ardu, farouche et violent,
Qui veut tailler sa part dans la splendeur du monde.
Tes bords puissants et gras, ton cours profond et lent
Sont l’image de sa ténacité vivace,
L’homme d’ici, sa famille, sa race,
Ses tristesses, ses volontés, ses vœux
Se retrouvent en tes aspects silencieux.
Cieux tragiques, cieux exaltés, cieux monotones,
Escaut d’hiver, Escaut d’Eté, Escaut d’automne.
Tout notre être changeant se reconnaît en toi ;
Vainqueurs, tu nous soutiens ; vaincus, tu nous délivres,