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La dune allait, au long des mers, vers l’infini,
Les hivers convulsifs
Tordaient les cieux, sous la foudre et la tempête
Les eaux apparaissaient comme un amas de bêtes
Dont les flots délivraient les aboiements captifs,
La dune allait ainsi
Âpre et sauvage, à pas géants,
Autour des Océans,
La dune allait ainsi
Indifférente aux cris et aux naufrages
Jetés de plage en plage et d’âge en âge,
Vers la pitié lucide et vers l’amour vivant,
La dune allait ainsi,
Immense et monotone, en son pèlerinage,
De l’est à l’ouest, au long des mers, avec le vent.

Et les siècles, avec la dune, avec le vent,
Et les siècles, au long des mers,