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La fable et l’inconnu furent la double proie
D’un peuple de chercheurs aux fulgurantes mains
Dont les livres ont dit comment la force ondoie
Du minéral obscur jusqu’aux cerveaux humains ;

Comment la vie est une, à travers tous les êtres,
Qu’ils soient matière, instinct, esprit ou volonté,
Forêt myriadaire et rouge où s’enchevêtrent
Les débordements fous de la fécondité.

Ô vous, les éclaireurs des tragiques visages
Tournés du fond des temps vers nos âges vermeils,
Dressez votre splendeur, comme, en tels paysages,
Luisent, de loin en loin, des tours dans le soleil.

A-t-il fallu scruter sous l’examen les choses
Pour limiter d’abord et affirmer après
Ce qui dans l’univers fut origine ou cause,
Sans s’égarer encor dans le dédale abstrait !

Ô les contrôles sûrs ! les batailles précises !
Les vieux textes croulés sous des arguments clairs !
L’âme de la réalité qu’on exorcise
Et qu’on libère enfin dans la santé de l’air !