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D’avoir peiné depuis l’aurore
Et que leurs lents leviers et leurs brusques marteaux,
Qu’un large effort sans cesse entraîne,
Ardent encor de volonté humaine.

Car elles veulent, les machines.
Ceux qui les ont faites, avec amour,
Un jour,
Leur ont donné le mouvement
D’un cœur battant
Au fond d’une poitrine ;
Ils leur ont imposé
Le bond exact et le recul pour s’élancer
Et pour saisir et soudain mordre :
Elles trépident et se hâtent avec ordre.
Leurs gestes sont plus sûrs que des gestes humains.
Chaque effort vole au but comme un dard vers la cible,
Si bien que leur travail complexe et inflexible
Fait brusquement songer au travail du destin.