Page:Verhaeren - Les Flammes hautes, 1917.pdf/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Et devant l’ombre et ses cent flammes suspendues
Là-haut, au firmament,
Nous nous tairons longtemps,
Laissant agir le bienveillant silence,
Pour apaiser l’émoi et la double cadence,
De nos deux cœurs battants.
Il n’importe d’où qu’il me vienne,
S’il est quelqu’un qui aime et croit
Et qu’il élève et qu’il soutienne
La même ardeur qui règne en moi.


Alors, combien tous deux, nous serons émus d’être
Ardents et fraternels l’un pour l’autre, soudain,
Et combien nos deux cœurs seront fiers d’être humains
Et clairs et confiants sans encor se connaître !

On se dira sa vie avec le désir fou
D’être sincère et vrai jusqu’au fond de son âme,
De confondre en un flux : erreurs, pardons et blâmes
Et de pleurer ensemble en ployant les genoux.