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Jusqu’au cœur de mon être,
Elle habite mon front et se glisse en mes yeux.
Oh ! mon âme, qu’il doit être doux et pieux,
Le regard qui s’en va de toi vers la lumière
À cette heure d’élan, de joie et de prière !

Et le vent monte et cueille aux pétales des fleurs
Les pleurs
De la pâle et candide et tremblante rosée.
Les étamines et les pistils
Disséminent dans l’air tant d’arômes subtils
Que se porte aussitôt, vers les fleurs, ma pensée.
Elles sont là
Qui écoutent déjà
Se rapprocher de leur clarté mon pas.
Elles sont là,
Tout au long du chemin qui vient de la rivière,
Et la rose odontite et la jaune épervière
Et l’âcre tanaisie et l’origan mielleux.

Longtemps je les contemple et doucement les touche.
Je leur donne l’amour que renferment mes yeux