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Arbres, non loin de vous,
Un sinueux ruisseau coule sur les cailloux
Et les rochers des bords poussent vers le ciel large,
Toujours plus haut, leurs blocs rouges comme des targes ;
Dans le courant diamanté,
À l’endroit même où le jour se reflète,
On voit aller, venir et s’abriter
De longs poissons visqueux et veloutés ;
Un insecte reluit dans l’ombre violette
Et tout à coup, hors de l’eau nette,
Saute l’ablette
Courbant violemment dans l’air
Un croissant clair.

Et je plonge mes mains dans le flot qu’elles peignent
Et mes doigts emperlés que j’en retire après
Semblent serrer en eux des tas de joyaux frais
Qui retombent et scintillent et puis s’éteignent ;
Mais la claire et divine pureté
Au long des bras a remonté
Et lentement a pénétré