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Sur l’aire des hangars immensément s’étendre,
Et les mufles crispés et tordus des lions
Pendre des deux côtés aux flancs des camions
Et grimacer soudain, dans la boue et la cendre.
Parfois, là-haut, dans les agrès entremêlés,
On se montrait, à l’arrière des hauts navires,
De grands oiseaux pareils à des cieux étoilés,
Tandis que, sur l’avant, on pouvait voir reluire
Un faste glacial de pourpres minéraux.

Et les marins contaient les gestes fulguraux
Des orages, là-bas, dans les nuits tropicales,
Les vents qui jusqu’au ciel soulèvent le désert
Et de Chypre à Batoum les caps et les escales,
Quand le parfum des fleurs voyage sur la mer.
Ils fumaient, en parlant, les lourds tabacs d’Asie
Et leurs mains se chauffaient à leurs pipes roussies.

Parfois ils déballaient sous la lampe, les soirs,
La figure d’un dieu mystérieux et noir