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Non plus à ses côtés, près des lampes qui fument,
Mais en face, droit devant lui, un compagnon.

À travers la muraille, à peine encor fendue,
Cent mains, en un élan, soudain se sont tendues.
Couverture s’emplit d’un grouillement de bras.
Chacun crie et s’agite et l’on ne s’entend pas.

Mais les cœurs sont d’accord et joyeux sont les gestes.
Ensemble on se remet à la besogne preste.
On se sent clair, alerte, ardent et fraternel.
Le rail luisant et droit qui fuit par le tunnel
Semble un lien de ferveur tendu de terre en terre.
Et voici que du sud et du nord, l’horizon,
À travers l’ombre et la limaille et la poussière,
Déjà fait se rejoindre au cœur sombre du mont
Les diverses clartés d’une même lumière.

L’orgueil emplit les cœurs, les cerveaux et les mains ;
L’espoir de changer tout devient l’espoir humain
Et l’on rêve déjà de deux mers séparées
Qu’on joindrait à travers les rocs de leurs contrées.