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Ils ignorent bientôt les changeantes saisons
Qui promènent leur ronde à l’entour de la terre ;
Leurs yeux oublient la vraie et vivante lumière
Qui réchauffe à midi leurs champs et leurs maisons.

Ils sont chacun un chiffre en une immense somme ;
Mais qu’importe qu’ils ne soient plus qu’un souvenir
Pour ceux des bourgs qui ne les voient plus revenir.
Si leurs nocturnes pas s’en vont vers d’autres hommes.

Ceux qui percent le mont, au nord,
Disciplinent leurs gestes
Et le han régulier qui scande leur accord,
Tandis que ceux du sud aiment le travail preste
Et fouetté de surprise et d’entrain dans l’effort.

Certe on s’ignore encor
Des deux côtés de la montagne.