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S’abattant sur l’orgueil des hommes de là-haut.
Ils ont la peur en eux de ces volants travaux
Suspendant l’incendie au flanc nu des montagnes
Et creusant des chemins de France ou d’Allemagne
À travers leur pays vers des pays nouveaux.

À ceux venus du Rhin, du Danube ou du Rhône
On donne à perforer les monts de l’Occident,
Tandis que ceux de Gêne et de Pise et d’Ancône
Devront trouer les monts du sud aux mille dents
D’où l’on peut voir briller les Méditerranées.
Chaque escouade à pied d’œuvre s’est amenée ;
Et l’ordre unique et solennel est de marcher
L’une vers l’autre, à coups de pics, dans le rocher.

Sur un étroit plateau les foreuses s’installent
— On dirait un faisceau de longs fusils braqués —
Pour attaquer le roc et l’obstacle embusqué
Avec des dents d’acier, bien mieux qu’avec des balles.