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Que ce qu’on n’entend pas
Elle le sait et le devine :
Mes pas ont beau marcher vers mon travail là-bas,
J’écoute ici, en ma maison, un autre pas
Aller avec le tien du fournil à l’étable.
Quelqu’un s’assied chez moi, sur ma chaise, à ma table,
Parle de mon bétail et s’abreuve à mon broc :
Sa place est chaude encore au moment où j’arrive
Et quand je me rassieds lui peut-être s’esquive
Par le chemin couvert qui contourne mon clos.


MARIANNE

Jaloux !


PIERRE

Si je l’étais, je viendrais te surprendre
Sous le hangar, l’après-midi, soudainement,
Quand mon frère t’a vue embrasser ton amant.