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JEAN

Ils n’ont jamais quitté ni mon pré, ni ma cour,
Mes coqs aigus et fiers, mes coqs pattus et lourds
Dont le destin est d’être rois et d’être maîtres.
Ils savent ce qu’il faut ou défendre ou permettre,
Pour que règne la paix en son cours régulier.
Que deux poules se disputent au poulailler,
Sitôt, l’un d’eux se campe et se maintient entre elles,
Et sa seule présence apaise les querelles.
Hélas, pourquoi faut-il que depuis quelques mois
Mes coqs perdent l’orgueil qui sonnait dans leur voix,
Et que leur ardeur tombe ainsi que leur jeunesse.


PIERRE

J’observe mes pigeons et les soigne sans cesse.
Or, je devine aussi, à des signes nombreux,
Que leur vaillance est morte et qu’ils deviennent vieux.