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Avec son mince archet mordant son rebec faux
Il imite le bruit court et sifflant des faux
Ou le cri du grillon sous la fine poussière.
Il chante, le beau gars, debout dans la lumière,
Qui s’étanche le front du revers de sa main.
Il indique le geste ondoyant d’un chemin
Qui s’incurve et s’éploie et contourne la haie.
Un bruissement s’entend sous la grande futaie
Et voici qu’à leur tour les bêtes au poil roux
Sortent de l’ombre et se hasardent
Et se glissent et s’approchent, et tout à coup,
Avec des yeux fixes et doux,
L’environnent et le regardent.

Le chant s’est arrêté, et l’archet suspendu
Ne semble plus glisser que sur un rai de lune.
Les étoiles, là-haut, scintillent une à une ;
Un tel silence autour des bois s’est répandu