Page:Verhaeren - Les Aubes, 1898, éd2.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous aimons différemment, mais ardemment tous les deux.


HÉRÉNIEN


Les préambules sont inutiles. Je demande ce qui vous amène et
ce que vous attendez de moi.

Il fait signe au Consul de s’asseoir.


LE CONSUL


Là-haut, au cimetière, la situation de vos amis est lamentable.
À une attaque sérieuse, ils ne résisteraient pas. Hier, la Régence les voulait réduire ; mais ils s’affirment nombreux, jeunes, hardis ; ils conviennent à la défense d’Oppidomagne. Jusqu’à ce jour, à peine sont-ils des rebelles ; ils boudent, ils font grève, — c’est tout. Demain, en voyant les incendies terribles qui s’échevèlent, là-bas, peut-être, deviendront-ils à leur tour incendiaires. La haine conseille la folie — et s’ils tuaient et pillaient, ce serait non pas toute la fin, mais toute la honte.