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Et tous, ils me suivront : les vieux, les enfants, les femmes, ils rentreront chez eux et tous seront utiles Et toi, mon père, tu reposeras dans la tombe où déjà sommeillent mes deux enfants.

Le général laisse dire.

Les rangs s’ouvrent. Jacques Hérénien et quelques ouvriers pénètrent dans la ville, mais à peine sont-ils passés que, brusquement, au commandement de l’officier, les rangs se referment. Le corps de Pierre Hérénien, les porteurs, les vieillards, les paysans, les femmes et les enfants sont repoussés. Des bataillons accourus prêtent main forte. Jacques Hérénien est surpris. Il se retourne pour rebrousser chemin. On l’entend s’écrier : « Lâcheté » « trahison » « infamie » … Mais les bagarres couvrent sa voix. Il est violemment poussé dans la ville. Et la foule qui hurle est définitivement rejetée vers la plaine.