Page:Verhaeren - Les Aubes, 1898, éd2.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE BERGER


Enfin, nous allons pouvoir vivre !

LE BOHÈME


Nous ! Allons donc ! … Il faudrait que le sol humain fût
autrement remué, pour que la lumière arrivât jusqu’en nos caves.
Paix ou guerre,
Nous demeurons la misère immobile,
Que ne dérange point le va et vient futile
De l’heur ou du malheur.
Qu’Oppidomagne, avec des lois nouvelles
Affranchisse, ce jour, ses peuples en tutelle,
Nous seuls, nous resterons, Dieu sait jusques à quand,
Les carnassiers et les vaguants
Qui dépècent, à coups de vol, la terre avare,
Comme autant de corbeaux que l’on effare,
Que l’on chasse, de son verger ou de son seuil,
Alors déjà qu’on y accueille
Le peuple entier des autres oiseaux libres.

LE BERGER


Vous parlez comme si la Régence vivait encore. Les campagnes
vont renaître. Les villes se purifier…