Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Kirkholm, Kreusberg, Mitau, Dwinsk, Jacobstat, Vilna,
Cités que la bataille énorme illumina
Et qui toutes, m’étiez, hier encor, inconnues !
Ô guerre dans le sol ! Ô guerre dans les nues !
La fureur s’y condense et l’horreur s’y accroît
Et des plaines aux monts, et des fleuves aux bois
Tout est sombre et terrible et sanglant à la fois.

Depuis la guerre
Ma chambre est close et solitaire.
Dites, où sont-ils donc mes amis de naguère ?

Voici le coin où l’autre mois,
Pensifs et clairs, nous parlâmes à lente voix
De nos belles idées
Une à une par la science élucidées ;
Voici le coin de table où s’appuyait la main
De celui qui, sans jactance ni hyperbole,
Prêchait avec son âpre et vaillante parole
L’espoir humain ;