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L’Occident redevient et plus clair et plus pur ;
Dans notre ciel à nous vers le zénith s’observe
Le vol immense et fier et libre de Minerve ;
L’essor des aigles noirs en eût souillé l’azur,

Ô nuages mordus par la gloire et ses flammes !
Peuples, qui secouez l’égoïsme et la mort
Des plis ensoleillés de vos longs drapeaux d’or,
Vos couleurs en faisceaux semblent des faisceaux d’âmes.

C’est vous qui dans vos mains maintenez le flambeau
Que l’expirante Athène a mis aux mains de Rome
Pour découvrir au cœur dédalien de l’homme
Ce qu’il y cache et de plus juste et de plus haut.

C’est vous, vous seuls, qui dans l’Europe de naguère
— Malgré l’immense ardeur dont s’exaltent vos bras
Dès qu’il faut arracher la victoire aux combats —
Aviez l’horreur heureuse et sainte de la guerre.