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On explore l’orgueil des cieux mathématiques
Dont l’immensité d’or et de ténèbres
Se fixe en des algèbres ;
Et c’est encor,
En des salles funèbres,
Où sont couchés, sur des tables, les morts,
Qu’avec des couteaux fins et des pinces cruelles,
On mord
Les artères du cœur et les nerfs des cervelles
Pour en scruter la vie ample et dédalienne ;
Et c’est enfin
Là-bas, au bord d’un lac, ici, près d’un ravin,
Un tel acharnement
À délier la terre ancienne
De l’étreinte innombrable et compacte du temps,
Que ce qui fut la vie et la mort millénaires
Et les faunes des eaux et les faunes des bois
Et les hommes hurlant sous les premiers tonnerres
Tout apparaît énorme et minime à la fois.

Ainsi l’âpre science et la recherche sûre
Tirant de l’univers les lois et les mesures