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Et que Sparte rejette avec horreur ce crime
D’un homme aveugle et dangereux que je bannis.


(La foule grossit, notables, laboureurs,
femmes, enfants, mais sans bruit)


Tu n’as pu savourer, roi Ménélas, les fruits
Dont la paix diligente et ma loyauté franche
Avait chargé dans ton pays toutes les branches.
Tu étais juste et calme et sage, et ton renom
Brillait plus clair que l’orgueil d’or d’Agamemnon.
Ta main tenait un sceptre intact et ta puissance
Marchait d’accord, toujours, avec ta bienfaisance !
Tu revenais vainqueur, simplement, sans orgueil
Ne voulant rien, sinon qu’on oubliât les deuils
Et la multiple horreur des lointaines tueries
Et qu’on songeât à vivre heureux dans la patrie.
Ta voix, pour te venger, en mon cœur retentit.


(Soudain, en ce remous, un second berger
dévale de la montagne et crie à Pollux :)


LE BERGER


Ô le nouveau malheur qui fait frémir la nuit !